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رأينا صواب يحتمل الخطأ، ورأي غيرنا خطأ يحتمل الصواب، ومن جاء بأفضل من قولنا قبلناه. الإمام الشافعي

الأحد، 8 فبراير 2015

قرأت لكم : السفير سالم الفراتي يتحدث عن الطبيعة الواجبة للدبلوماسية التونسية الجديدة

قرأت لكم
في مقال مهم كتبه السفير سالم الفراتي على أعمدة مجلة ليدرز ، تعرض الكاتب إلى دور الدبلوماسية التونسية  من جهة وإلى السياسات التي يجب اتباعها لإعادة اللمعان لها لخدمة أهداف البلاد.
وننشر في ما يلي هذا المقال المفيد بعد الاسترخاص من صاحبه الأستاذ سالم الفراتي ، كما تقتضي أخلاقيات المهنة الصحفية

Redeploiement diplomatique vital!
Les relations extérieures de la Tunisie sont  au centre des préoccupations de l’homme de la rue qui n’arrive  plus à situer l’orientation de son pays aussi bien à l’international que par référence à son environnement régional.

Le citoyen tunisien supporte de plus en plus mal l’état d’incertitude qui touche ses intérêts et serait prêt à réagir avec détermination pour annihiler tout obstacle à son équilibre social, matériel et intellectuel.

En toute objectivité, tout observateur ne pourrait s’abstenir de constater les nombreuses positions discordantes, pour ne pas dire les dérives, de certains dirigeants tunisiens exprimant au nom de la Tunisie des positions résultant souvent de la confusion Parti-Etat ou de structures ministérielles traditionnellement  incompétentes pour des questions de politique extérieure. De cet imbroglio en ont résulté diverses diplomaties partisanes ou alignées à des axes qui ne servaient en rien les intérêts de la Tunisie républicaine.

Conséquence logique de cet état, la crédibilité de la Tunisie à l’extérieur fut dégradée. De fâcheuses répercussions furent enregistrées en particulier sur les investissements, le tourisme, l’export et l’appareil productif. En un mot, l’économie tunisienne entamait un dérapage que nourrit une insécurité en dents de scie. 
Aussi, une reconsidération  urgente s’imposerait-elle au niveau des orientations de notre politique extérieure et par voie de conséquence de notre diplomatie suite au récent engagement du Dialogue national et de l’espoir qu’il suscita au sein de l’opinion après que le parti majoritaire est revenu à de meilleurs sentiments, privilégiant l’intérêt national à d’autres références.

L’élaboration de la politique extérieure tunisienne dans les régimes présidentiels précédents était du ressort exclusif du chef de l’Etat; celle découlant de l’application du décret du 16 décembre 2011 relevait conjointement du président de la République et du chef du gouvernement qui la déterminent, «en accord et en concertation».

La diplomatie, expression de ladite politique, est mise en œuvre par le ministre des Affaires étrangères qui a toute latitude de faire prendre les initiatives appropriées pour atteindre les objectifs qui lui sont  assignés.

Il est admis dans les régimes démocratiques que toute formation politique accédant au pouvoir suite à des élections libres devrait s’accommoder avantageusement   d’un ministère des Affaires étrangères hautement professionnel où l’ensemble du personnel s’engage à s’abstenir de «tout militantisme  partisan », se consacrant à l’exécution des tâches qui lui sont confiées par l’autorité politique au pouvoir, garantissant ainsi une indépendance totale du département à l’égard de tout parti politique quel qu’il soit.

Le principe démocratique de l’alternance  politique ne sera ainsi  que renforcé.
Sur cette base, que pourrait-on donc envisager comme initiatives susceptibles de redorer, à court terme,  l’image de la Tunisie, de rassurer ses partenaires, de lui permettre de retrouver le rayonnement et l’efficacité au sein du système des Nations unies, des institutions et des groupements régionaux de telle sorte qu’elle retrouve crédibilité et ouvre la voie à de performantes percées économiques?

Le gouvernement de technocrates pourrait engager le processus de cette normalisation des relations extérieures toutes les fois que le consensus est possible.

Ainsi et dès que le permette la conjoncture nationale, les initiatives diplomatiques ci-dessous — qui ne pourraient qu’être conformes aux orientations de la politique extérieure tunisienne qui, en toute logique, se devaient d’opter pour l’ouverture, la tolérance, le maintien de rapports d’amitié et de bon voisinage et de non-appartenance à aucun axe politique  spécifique — seront décisives pour réhabiliter ladite image:
a) La diplomatie tunisienne, qu’elle soit de nature politique ou économique, se doit de s’exprimer d’une seule voix. Aussi, le volet de la coopération internationale devra-t-il être rattaché au département des Affaires étrangères pour une coordination sans faille. Les organismes à caractère social, commercial et de promotion des investissements agissant à l’étranger devraient être sous l’orientation stratégique du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale,
b) La représentation géographique de l’appareil diplomatique devrait être revue et adaptée aux besoins de pénétration de nouveaux marchés, particulièrement en Afrique, région  marginalisée depuis plus de  deux décennies,
c) Un redéploiement diplomatique général  est vital pour l’équilibre de nos rapports,
d) Le réexamen du dimensionnement de nos représentations diplomatiques, en particulier dans certains  pays européens devenus — lors des derniers élargissements - membres de l’Union européenne — s’impose en raison du fait que nos rapports avec celle-ci sont  communautarisés au niveau de 70%. Un renforcement substantiel de notre représentation à Bruxelles s’impose en prévision des négociations du «statut avancé»,
e) La communauté tunisienne à l’étranger dont le niveau professionnel a changé de nature devra être mieux entourée et sa contribution au développement du pays revue. Cette communauté se doit de jouer un rôle important dans l’amélioration de l’image du pays,
f) L’importance du poids électoral de notre communauté devra être soulignée; les meilleures  conditions devront être réunies pour que les élections se déroulent dans le cadre des attributions de nos missions et de l’Isie.
g) Accorder une priorité absolue à la coopération technique en recourant à des innovations en matière de détachement auprès de pays demandeurs et à des financements d’organismes divers compte tenu des besoins potentiels évalués par l’Unesco pour l’Afrique  à environ deux millions de cadres pour l’enseignement,
h) Cesser de marginaliser le personnel des Affaires étrangères auquel doit  être reconnu un professionnalisme rigoureux et exclure toute nomination de cadres ou agents  extérieurs au département pour en finir avec «ces désignations de reconnaissance  pour services partisans rendus». Ce sera la meilleure garantie à toute alternance politique,
i) Valoriser les ressources humaines du département en assouplissant les procédures de gestion au sein du ministère et  de nos représentations et des organismes y rattachés par le traitement à distance de très nombreuses tâches en vue de substantielles économies pour une  plus grande efficacité,
j) Réhabiliter et reconsidérer la situation des cadres et agents ayant été victimes d’injustice dans l’évolution de leur carrière en raison d’appréciations  professionnelles non tolérées par des responsables  politiques,
k) Associer les diplomates retraités qui sont disponibles pour enrichir de leur expérience  les jeunes cadres du ministère. 

La Tunisie qui a vécu une profonde mutation qualitative depuis janvier 2011 aux slogans «Emploi, liberté et dignité» et qui se doit de lutter avec détermination contre le  terrorisme qui menace son identité et son modèle social, devrait se doter d’une politique extérieure basée sur la sauvegarde de ses intérêts et l’appartenance à un environnement international et régional au sein duquel elle se doit de cultiver par tous les moyens une «solidarité sans faille» avec ses partenaires stratégiques et ce grâce à une diplomatie réactive, inventive et hautement au niveau des aspirations du peuple tunisien dont la diversité civilisationnelle  est la source essentielle de son invulnérabilité.
Salem  FOURATI
Ambassadeur de Tunisie à la retraite


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