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كانت العطلة المدرسية على وشك
الانتهاء عندما استيقظنا على خبر اغتيال الهادي شاكر ، الزعيم الوطني الذي لم ينل
حظه من الاعتراف بالجميل رغم الدور المتقدم الذي لعبه في الكفاح الوطني ، وخاصة ما
أسمي بالمعركة الحاسمة بين 1952 و1955 ، عندما ترأس المؤتمر السري للحزب الحر
الدستوري يوم 18 جانفي 1952 ، يوم إلقاء القبض على الحبيب بورقيبة ، وهو المؤتمر
الذي قررت فيه قيادات الحزب الدخول في المعركة المسلحة ضد فرنسا.
كنا أطفالا على أبواب المراهقة عندما
وجدنا أنفسنا نتجه جميعنا إلى الجامع الكبير في مدينة صفاقس ، كنا ثلاثة لا نفترق
المرحوم مصطفى المصمودي و شقيقي المرحوم
محمد الفراتي وأنا ، كنا في الصفوف الأولى نبكي بحرقة ، وكان يقف في المحراب أحمد
دريرة نائب رئيس الجامعة الدستورية الذي
لم يكن سوى الهادي شاكر ، يقف هنيهة ليرفع صوته مرددا مرة بعد مرة الله أكبر الله
أكبر ، فتخنقه العبرات ولا يستطيع أن تخرج من جوارحه العبارات التي كان ينتظرها
مئات الحاضرين الملتاعين ، كنا نعرف جيدا أحمد دريرة فقد كان يقضي بعض الليالي
بصفة دائرية في بيتنا ، اتقاء لشر ما كان يتهدده
هو وبقية الزعماء الدستوريين ، من تهديد بالقتل ، منذ اغتيال صنيعة الاستعمار أحمد
بلقروي ، الذي مثل تونس في تنصيب الملكة إليزابيث الثانية ملكة بريطانيا ، وأعلن
أن تونس فرنسية وستبقى فرنسية ، فصدر عليه حكم الاعدام.
منذ ذلك اليوم كان كل واحد من زعماء
جهة صفاقس مهددا بالموت ، فقد وعدت فرنسا تحت حكم السفير المقيم العام الفرنسي
ديهوتوكلوك ، ووعد صنائعها باغتيال أحد الزعماء أو أكثر.
ولم يكن في الحسبان أن تتجه يد الغدر
للسلطة المركزية في باريس والسفير المقيم العام في تونس والمراقب العام في صفاقس
والمراقب العام في نابل ، إلى الهادي شاكر فقد كان في عاصمة الوطن القبلي تحت
حماية وحراسة الدولة الفرنسية ، وكان أحد الزعماء الوطنيين الكبار الذين كان يعتقد أن فرنسا لا يمكن أن
تستهدفهم ، وإن كانت قد طالت قبل أشهر ابن مدينته وابن ولايته فرحات حشاد على ما
كان يتمتع به من حصانة نقابية.
غير أن فرنسا فقدت قوة الادراك في تلك
الفترة ، واختلطت عليها السبل ، ولم تعد تتقيد بسياسة منطقية ، فامتدت يدها إلى
الهادي شاكر بعد أن كانت قد امتدت إلى فرحات حشاد.
وإذ قرأت قطعة رائعة لقريب الهادي
شاكر ، نشرتها له مشكورة مجلة "ليدرز" ، فقد استأذنت من الصديق توفيق
الحبيب إعادة نشرها كما تقتضيه الأخلاق الصحفية ، على مدونة "الصواب" تعميما للفائدة ،
وإذ بدأت بترجمة هذه القطعة الرائعة ، فقد عدلت عن ذلك وفضلت نشرها بلغتها الأصلية
، معتقدا أن الترجمة ، يمكن أن تفقدها
صدقها وحميميتها.
وإليكم هذه القطعة الرائعة :
Des turpitudes posthumes contre le martyr Hédi Chaker
Par Jamil Chaker - Les historiens ont certainement beaucoup à faire
encore sur l’histoire de Hédi Chaker, son combat, ses performances en tant que
chef de la lutte anticoloniale notamment dans l’ensemble du Sud tunisien à
partir de la ville de Sfax et sa capacité à jouer un rôle national chaque fois
que Bourguiba était écarté.
J’entends, quant à moi, rendre compte des turpitudes
posthumes contre un martyr national qui a été victime de calculs, de jalousies
et, plus récemment, de tiraillements politiques qui ont porté préjudice à sa
mémoire.
Un crime pas encore totalement élucidé
Les récentes découvertes à
Paris de Noureddine Hached publiées dans Leaders du
9 septembre 2015 montrent que l’histoire n’a pas encore livré tous ses secrets
au sujet de l’assassinat de Hédi Chaker.
Du temps de Bourguiba, il y a bien eu l’affaire des mains criminelles
tunisiennes qui ont exécuté l’assassinat. Mais qui l’a commandité ?
Comment ce crime a-t-il été politiquement négocié ? Quels sont les enjeux
de cet acte ? Les documents révélés par Hached montrent à l’évidence
que les autorités coloniales sont impliquées dans ce crime. Ce travail de
dépistage des archives françaises devrait donc se poursuivre et une demande
d’autorisation d’accès aux archives devrait être établie par le gouvernement
tunisien aux autorités françaises pour l’élucidation spécifique de l’assassinat
de Hédi Chaker (à l’instar de l’autorisation donnée à Noureddine Hached).
Une dépouille malmenée par les assassins
Sa première mésaventure posthume est certes la
profanation de sa dépouille par la tribu de ceux qui l’ont assassiné. En effet,
il faut que les Tunisiens sachent que sa dépouille, déjà criblée de balles
(comme me l’a décrite mon père Abderrahmane qui s’est rendu à Nabeul pour
récupérer la dépouille), a été livrée, contre les vœux de la famille, par les
autorités françaises à la tribu de ses assassins tunisiens qui ont bu du vin
sur son cercueil dans une localité située à 60 km de Sfax (Bouthadi).
Les transferts de la dépouille et la destruction du
mausolée.
En 1960, la dépouille du martyr a été déplacée du
premier cimetière où elle a été inhumée à la périphérie de la ville, au
mausolée qui a été érigé en plein centre de la ville de Sfax juste en face de
la municipalité, dans ce point d’intersection névralgique entre l’avenue Hédi
Chaker et l’avenue Habib Bourguiba. Une statue du martyr a été placée juste
au-dessus d’une fresque magnifiquement sculptée réalisée par des artistes
italiens. Depuis lors, la dépouille de Hédi Chaker ne se trouvait plus
« en terre », mais « en l’air » dans un tombeau couvert par
cette œuvre d’art. Cela constituait certes un bel hommage au martyr. Mais, la
dépouille a été privée du « retour du corps à la terre » après la
mort, comme le signalent les religions.
Cela devait servir à Bourguiba d’argument de taille
pour détruire ce site historique. En effet, quelques années plus tard,
Bourguiba, en visite à la ville de Sfax, n’apprécie pas ce mausolée. Il ordonne
que la dépouille soit transférée et inhumée paisiblement dans un cimetière à
l’écart du tumulte de la ville. Tout cela semblait a
priori raisonnable. Car, après tout, il fallait bien
« remettre en terre » la dépouille. Mais, les intentions politiques
malveillantes se dévoilaient clairement dans le court et le moyen terme.
Dans le court terme, le mausolée a été
totalement défait : la statue et la belle fresque sculptée ont disparu.
Certains disent qu’elles sont mises dans la ferraille de la municipalité de
Sfax. Comble du culte de la personnalité qui s’empare des symboles de
l’histoire et les destitue afin d’établir dans les esprits la figure
hégémonique et unique du « combattant suprême ».
Dans le moyen terme, le projet de Bourguiba se précise
quand celui-ci installe à l’exacte place du mausolée de Hédi Chaker sa propre
statue. Il n’y a plus d’idole que Bourguiba. L’histoire est revisitée pour que
les grands militants du mouvement de libération nationale soient mis en
sourdine à la faveur de la mégalomanie du Chef.
La famille Chaker, politiquement discrète, n’a pas osé
s’opposer à ces manœuvres. Mais, l’ironie de l’histoire a voulu que la statue
de Bourguiba soit elle-même déboulonnée et subisse la même mésaventure que
celle de Hédi Chaker.
Aujourd’hui, il faut rétablir la statue et la fresque
commémorative de l’assassinat de Hédi Chaker en les installant dans leur lieu
d’origine.
Hédi Chaker après le 14 janvier
La plus récente turpitude du martyr Hédi Chaker est
l’oubli de son assassinat après le 14 janvier 2011. Dans les plateaux de
télévision, deux martyrs ont été systématiquement évoqués au cours des
débats : Farhat Hached et surtout Salah Ben Youssef. Hédi Chaker est
totalement oublié. Avec le gouvernement de la Troïka, Hédi Chaker n’existe
plus, n’a plus de place dans l’histoire du pays. La famille va alors se
débrouiller comme elle peut pour organiser les cérémonies de commémoration
(invitation de personnalités politiquement neutres comme Mansour Moalla, ou, en
2014, présence de Béji Caïed Essebsi, président de Nidaa). Du temps de la
Troïka, des activistes des Ligues de Protection de la Révolution (LPR de Sfax)
s’opposaient devant le cimetière Chaari à la présence de vieilles figures de
l’ancien régime. Ce sont ces mêmes activistes qui ont brutalisé le fils du
martyr dont le nom n’est pas du tout médiatisé et n’est donc pas connu des
Tunisiens, Mongi Chaker. Celui-ci a été grièvement blessé par les
assassins de son père, cogné à la tête par une crosse de fusil, et il a été le
seul citoyen de la ville de Sfax à s’être opposé au déboulonnage de la statue de
Bourguiba, évoquant l’argument qu’il s’agit là d’une pièce du patrimoine
historique national.
Le problème est très grave malgré les apparences et
les palliatifs imaginés par la famille. Il faut que le Secrétariat d’Etat
auprès du chef du gouvernement chargé des dossiers des martyrs et blessés de la
Révolution, devienne un Secrétariat d’Etat assurant la préservation de la
mémoire de tous les héros nationaux, victimes mutilées par les accidents et les
cataclysmes de l’histoire. Il est inacceptable que nos martyrs soient les
jouets des tiraillements et des aléas politiques.
En somme, le parcours posthume de Hédi Chaker est
aussi parsemé d’ignominies et de souffrances que sa vie. Mais, dans sa lettre à son fils
Mhammed écrite trois jours avant son assassinat, il
précise qu’il appartient à une famille dont le destin est l’amour de la patrie
et le sens du sacrifice pour la cause collective. On sait que des Nabeuliens
lui ont conseillé le jour de son assassinat d’aller se cacher en quittant sa
résidence surveillée autour de laquelle ils ont constaté des présences
inhabituelles, mais il leur a répondu que s’il devait mourir le 13 septembre
1953, il était prêt au sacrifice pour que la Tunisie conquière sa liberté et sa
dignité.
Jamil Chaker
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